MUSEON ARLATEN

MUSEON ARLATEN : UN MUSÉE AU COEUR D'UN MONUMENT HISTORIQUE

Le bâtiment qui abrite le musée embrasse plusieurs grandes périodes historiques. L’Hôtel de Laval, palais construit au tout début du 16e siècle par Honorat II de Castellane, connaît au fil du temps des transformations importantes.

Au 17e siècle, les Jésuites y installent un collège, construisent une chapelle attenante et y ajoutent les ailes côté sud un siècle plus tard. En 1906, Frédéric Mistral y aménage le musée et fait dégager des vestiges romains découverts 50 ans plus tôt : ceux d’un forum secondaire du 1er siècle après J.C, à présent inscrits au « Patrimoine mondial de l’Humanité » par l’Unesco.

Au 21e siècle, le musée devient propriété du Département des Bouches-du-Rhône, qui met en œuvre une importante rénovation du bâtiment comme du parcours muséal, achevée en 2020.

Le Museon Arlaten – musée de Provence est un musée consacré à l’ethnographie de la Provence. Il se situe au centre d’Arles, au 29, rue de la République, contient des collections représentatives des arts, de l’ethnologie et de l’histoire du pays d’Arles.

La société MAZEDIA a confié les prises de vue des salles d’expositions du Museon ARLATEN à Jean-Claude Mosté, devant servir à être intégrées dans des bornes interactives.

L’ ÉLÉGANTE CHAPELLE DES JÉSUITES INTÈGRE LE MUSEON

Construite au 17e siècle grâce aux dons de François Vautier, médecin de Marie de Médicis puis de Louis XIV, la chapelle des Jésuites est ornée d’un retable monumental en bois où sont sculptés les saint jésuites. Au début du 20e siècle, elle est laissée à l’abandon et sert de lieu de stockage de pommes de terre et de viande congelée, jusqu’à ce que Fernand Benoit, alors conservateur du Museon Arlaten, la transforme en 1936 en musée archéologique d’art chrétien. Tout récemment, dans le cadre de la rénovation du musée, cette chapelle a réintégré le bâtiment principal pour devenir l’espace des expositions temporaires.

Museon Arlaten

AUX ORIGINES DU MUSEON ARLATEN

À la fin du 19e siècle, partout en Europe l’industrialisation bouscule les sociétés traditionnelles et les cultures régionales. Les folkloristes craignent de les voir tout simplement disparaître et entreprennent d’en conserver les traces et la mémoire. En Provence, Frédéric Mistral fédère les énergies pour sauver et transmettre la culture dans laquelle il a grandi.

Mistral crée l’un des premiers musées d’ethnographie régionale, non sans réinterpréter et mythifier une culture provençale qu’il enracine dans l’Antiquité gréco-romaine. En 1899, son « Panthéon de la Provence » ouvre ses portes. Il le baptise Museon Arlaten (« musée arlésien » en provençal). Les trois salles du Temps 1 vous replongent dans le bain culturel de l’époque.

LA SALLE DE L’ANTIQUITE PROVENCALE

A la fin du 19e siècle, l’archéologie est mise à contribution pour exhumer et valoriser les origines historiques et culturelles des nations européennes. Si la France met en avant l’empreinte gauloise, les érudits provençaux se réfèrent pour leur part à la civilisation gréco-romaine, considérée comme le ferment de leur identité régionale. Le décor de la salle, inspiré par les sites archéologiques méridionaux, et les moulages de sculptures antiques exposés, posent les fondements de cette construction identitaire, et complète la vision des vestiges de la cour.

LA SALLE DU FELIBRIGE

Au milieu du 19e siècle, en Provence, nombre de passionnés souhaitent redonner ses lettres de noblesse au provençal, dont l’usage courant tend à se limiter, de plus en plus, aux classes populaires. Après plusieurs tentatives infructueuses au niveau régional, Frédéric Mistral et ses amis de l’école d’Avignon décident de se regrouper. Selon la tradition orale, c’est lors d’une réunion tenue au Château de Fontségugne le 21 mai 1854 que ces sept primadié donnent naissance à une association ayant pour but de défendre, illustrer et valoriser la langue et la littérature d’oc : le Félibrige.

« Le Félibrige est établi pour grouper et encourager tous ceux qui, par leurs œuvres, conservent la langue des pays d’oc, ainsi que les savants et les artistes qui étudient et travaillent dans l’intérêt de ces régions. » (Statuts du Félibrige, 1876)

Une table interactive permet dans cette salle d’explorer un florilège de la littérature provençale.

Parmi les langues de France, l’ensemble des parlers d’oc (provençal, languedocien, gascon, auvergnat, limousin), regroupés également sous le vocable langue d’oc ou occitan, présentent la particularité d’être écrits depuis le Moyen-Âge et donc de disposer d’une littérature riche et variée. En effet, les troubadours, souvent issus de la noblesse, ont largement contribué à faire émerger et vivre une littérature poétique, parfois iconoclaste et revendicative, très en avance pour l’époque. L’aire géographique concernée, très vaste, représente globalement la moitié sud de la France ainsi que quelques vallées d’Espagne et d’Italie. Nous nous intéressons ici plus particulièrement à la langue provençale parlée globalement de Nîmes à Nice et de Barcelonnette à Marseille, afin de montrer ses spécificités locales et les évolutions qui ont marqué son écriture jusqu’à l’émergence des normes mistralienne et occitane aux 19e et 20e siècles.

LA SALLE DE LA CREATION DU MUSEE

Tout en œuvrant à la renaissance de la langue régionale, Frédéric Mistral entreprend un autre projet d’envergure : créer un musée. Ce « Panthéon de la Provence » doit permettre la conservation des traces matérielles d’une culture rurale traditionnelle menacée de disparition. Il confie à Emile Marignan, médecin féru de préhistoire et d’ethnographie, la constitution des premières collections. Une importante collecte, influencée par le Musée du Trocadéro à Paris, est organisée à partir d’un manuel. Apparaît aussi l’idée d’avoir recours à de véritables appels au peuple pour enrichir les collections du musée. Au centre de la salle, une grande vitrine présente les principes de cette première collecte et quelques-uns des plus remarquables objets collectés.

Le Museon Arlaten ouvre ses portes le 21 mai 1899. Dix ans plus tard, grâce à l’argent reçu pour son prix Nobel de littérature, Frédéric Mistral le déménage dans le monument actuel, plus vaste. Le lien affectif créé avec la population par le biais de la collecte –que le musée poursuit toujours, sous d’autres formes- ne s’est jamais démenti depuis.

LE MUSÉE DES ANNÉES 1900 : LA PROVENCE SELON FRÉDÉRIC MISTRAL

Quand il ouvre ses portes à la fin du 19e siècle, le Museon Arlaten fait sensation auprès de ses premiers visiteurs. Ils y découvrent, au gré des salles imaginées par Frédéric Mistral, une Provence idéalisée et mythique, reflet de l’intérêt des folkloristes pour une culture perçue comme préservée des bouleversements de la modernité.

Scènes de la vie quotidienne, activités sur le Rhône et la merfêtes et croyances sont explorées à travers d’étonnantes reconstitutions peuplées de mannequins grandeur nature et des mises en scène accumulatives héritées des expositions universelles et du musée d’Ethnographie du Trocadéro. La culture régionale est ainsi célébrée par d’innovantes présentations muséographiques qui ont été conservées et témoignent aujourd’hui encore du Museon Arlaten de Frédéric Mistral.

Cinq espaces vous permettent d’explorer ces premiers temps du musée. Les « Fenêtres de l’histoire » vous accompagne dans ce parcours, présentant en video les principaux jalons culturels et sociaux de l’aube du 20e siècle.

LA GALERIE DES DIORAMAS

Le Museon Arlaten est conçu comme « un poème pour ceux qui ne savent pas lire » et un musée de la « vie vivante ».  A ce titre, les deux dioramas font forte impression sur les visiteurs. « La visite à l’accouchée » et « La veillée de Noël » dans un mas incarnent les souvenirs d’enfance de Frédéric Mistral, célébrant sa région et sa culture natales.

L’échelle grandeur nature, les mannequins archétypaux, la mise en scène étudiée, la narration ethnographique de traditions présentées comme séculaires (les relevailles, le Cacho-fiò…) tout dans cette illusion muséographique contribue à forger l’image d’une Provence idéale et éternelle. Les dioramas sont aussi un lieu de rendez-vous émouvant pour tous ceux qui ont connu le musée d’antan.

LA SALLE FRÉDERIC MISTRAL

Figure charismatique de la seconde moitié du 19e siècle, Frédéric Mistral (1830-1914), fondateur du Museon Arlaten, consacre sa vie à valoriser sa Provence natale. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages publiés en provençal, sa langue maternelle, et en français. Son œuvre est traduite dans le monde entier. Il s’essaie à de nombreux genres : poèmes, épopées, contes, récits autobiographiques, théâtre, articles de journaux, travaux lexicographiques. Militant culturel, il devient le héraut des Provençaux. Il est, en 1904, le premier écrivain à recevoir le prix Nobel de littérature pour une œuvre en langue régionale. Cette salle permet de retracer toute sa vie, à travers sa bibliothèque et ses objets personnels, ses œuvres lues par des comédiens et l’évocation de l’empreinte durable de son legs culturel.

LA SALLE FESTADIERO

Des fêtes, rites et légendes… Au 19e siècle, la vie des Provençaux est rythmée par le calendrier des fêtes civiles et religieuses. Charivaris, danses, jeux, pèlerinages et processions sont autant de manifestations qui suscitent l’intérêt des folkloristes. De l’enquête d’envergure menée en 1820 par le préfet Christophe de Villeneuve à la collecte de Frédéric Mistral, la mémoire de ces rituels parfois disparus a été conservée. L’accumulation organisée de ces objets offre un inventaire des fêtes et croyances populaires de la Provence rurale de l’époque.

Vous retrouverez dans cette salle le témoignage des fêtes de la Saint-Eloi, avec ses charrettes si richement décorées, de la Fête-Dieu, de Carnaval, de la Tarasque (avec son spectaculaire dragon amphibie) mais aussi une exploration des rituels guérisseurs, une collection de santons, des reliquaires, de sublimes Beatiho (scènes religieuses miniaturisées dans de magnifiques écrins vitrés), sans oublier la culture judéo-comtadine et, tout à la fin, la « vitrine qui chante » exploration interactive du patrimoine musical populaire de la Provence…

LE MUSÉE DES ANNÉES 40 : LE FOLKLORE ET L’IDENTITÉ EN QUESTION

Si le Museon Arlaten perd de son souffle après la disparition de Frédéric Mistral (1914), la science folklorique connaît dans les années 20-30 d’importantes évolutions. Un nouveau mode d’exposition voit notamment le jour, à visée plus pédagogique. L’arrivée au musée, en 1934, du conservateur Fernand Benoit va permettre la mise en application de ces nouvelles méthodes.

L’ambiance muséographique change donc ici nettement par rapport au « Temps 2 ». Dans un effort didactique de simplification, Fernand Benoit organise une chronologie des évolutions vestimentaires régionales du 18e au 20e siècles. Il retrace toute l’histoire du costume régional mais renforce aussi la valeur de symbole identitaire de celui-ci. Sous le régime de Vichy, le musée est impliqué dans la propagande au service de la politique culturelle « nationale », qui prend appui sur les musées régionaux pour faire l’apologie des valeurs rurales traditionnelles.

Ce Temps 3 réunit quatre salles, trois dédiées au costume (18e, 19e, 20e), une dernière au mobilier.

LE COSTUME RÉGIONAL AU 19ème SIECLE

Dans le prolongement de la première salle, voici les vitrines du costume régional du 19e siècle. Les vitrines des coiffes et rubans, placées dos à dos, marquent ce passage. Au 19e siècle, le costume du pays d’Arles continue d’évoluer en étant toujours influencé par la mode parisienne. La qualité, les couleurs et techniques élaborées montrent les progrès constants de l’industrie textile, marquée par la révolution industrielle. Le chemin de fer, l’apparition des premiers grands magasins, la diffusion de la presse de mode et l’amélioration des moyens de communication permettent aux Provençales – même les plus modestes – d’acquérir de nouveaux accessoires de mode et des textiles de provenances diverses.

Le ruban devient un élément emblématique du costume arlésien. Il évolue dans sa façon d’être porté jusqu’à aboutir à sa forme actuelle, fixée à la fin du 19e siècle, qui laisse apparaître la chevelure coiffée selon des codes précis. Les couleurs, les matières, les textures et les motifs des rubans se transforment également au fil du temps, reflétant les tendances et la variété des provenances.

LA SALLE DU MOBILIER ET DE LA VIE DOMESTIQUE

La dernière salle du Temps 3 met à l’honneur les objets de la vie quotidienne d’un mas ainsi que le travail des artisans de la région, en particulier les ébénistes qui excellaient dans l’élaboration d’un style régional pour l’ameublement. Le travail des faïenciers de Moustiers-Sainte-Marie et de Marseille est également présenté.

La séquence se termine avec un espace d’interprétation où vous pourrez notamment admirer la robe de mariée d’Angèle Vernet, première reine d’Arles et une robe de cocktail de 1986, reprenant la technique du boutis et signée Christian Lacroix.

LE MUSÉE DES ANNÉES 1970, LUMIÈRE SUR LES ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES

Le quatrième temps de l’exposition permanente rend compte de la
«nouvelle muséologie», initiée après-guerre par Georges-Henri Rivière («G.H.R»),
et qui révolutionna le monde des musées d’ethnographie.
Sous son impulsion, les années 1960 voient le renouvellement de la discipline
ethnographique et de ses mises en scène dans les musées, où l’on « fait parler les objets ».

Ce quatrième temps évoque la muséographie des années 1960 à 1980 qui, dans le droit fil de l’effervescence intellectuelle de l’après-guerre, constitue l’âge d’or des arts et traditions populaires. Sur la base d’ enquêtes de terrain, il s’agit de mettre en valeur l’usage des objets et les gestes qui les accompagnent, de donner la parole à ceux qui les utilisent et de replacer ces pratiques dans leur profondeur historique.

Si l’ambition est de témoigner des relations des hommes avec leur milieu naturel, il s’agit aussi de prendre en compte le visiteur dans son interaction avec l’exposition. Dans les galeries du nouveau bâtiment du Musée National des Arts et Traditions Populaires à Paris, ouvertes en 1972 et 1975, Georges-Henri Rivière réinvente l’art de mettre en scène les objets ethnographiquesSes techniques d’exposition sont inspirées du théâtre : fond noir, éclairage scénique, silhouettes figurées sans l’artifice des mannequins. Pour diffuser cette muséologie nouvelle, Rivière travaille en étroite collaboration avec les musées régionaux, dont le Museon Arlaten. Dans ce Temps 4, un troupeau de moutons, l’élevage des taureaux, un atelier de fabrication de paniers sont autant de mises en scène évoquant ces recherches et collaboration.

L’ELEVAGE DU MOUTON, LA TRANSHUMANCE, L’ELEVAGE DU TAUREAU ET LA VANNERIE

Le quotidien du berger est souvent très différent de son image idéalisée. Son travail est rythmé par les saisons et la transhumance. En Provence, l’histoire de l’élevage ovin est intimement liée à la plaine de la Crau, région de pâturages d’hiver. L’été, les bêtes estivent dans les Alpes. L’agneau de Crau est apprécié pour sa viande. Le mouton Mérinos est destiné à la production d’une laine réputée de qualité. La grande vitrine crée l’illusion d’une transhumance à pied d’un troupeau de moutons et évoque une ancienne vitrine du Musée National des Arts et Traditions Populaires de Paris.

La vitrine de la « bouvino » – bovin en provençal – présente les différentes activités liées à l’élevage des taureaux au fil des saisons. Bouvier à l’origine, le gardian devient héros de littérature et de cinéma, parfois proche de la figure du cowboy. Loin de cette fiction, son travail consiste en de nombreux travaux physiques, depuis la surveillance des troupeaux, à pied ou à cheval, jusqu’au marquage et à la sélection des bêtes en passant par des démonstrations de savoir-faire à l’occasion de festivités. De nos jours, les activités liées à l’élevage ont gagné en popularité. Les courses camarguaises, ainsi que les jeux taurins, restent synonyme de fête populaire.

En face, la vitrine de la vannerie illustre, entre autres, le concept de « chaîne opératoire » : elle donne à voir les étapes de fabrication d’un panier. Cette collection sur la vannerie et le mode d’exposition ont été élaborés grâce au travail de recherche mené par Charles Galtier en 1959 sur les vanniers de Vallabrègues, village gardois situé entre Arles et Avignon.

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